Rencontre avec Aïda Arik

Rencontre avec Aïda Arik, chargée de recherche en économie des transitions territoriales en montagne

Aïda Arik a rejoint le LESSEM en octobre 2024. Découvrez son portrait.

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Peux-tu te présenter ? Quel est ton parcours ?

Je m’appelle Aïda Arik, je suis chargée de recherche en économie des transitions territoriales en montagne au LESSEM depuis octobre 2024.

Mon parcours est assez atypique. J’ai commencé ma carrière en tant qu’hydrologue, travaillant sur la restauration des écosystèmes aux États-Unis. Au départ, mes activités étaient axées sur l’écohydrologie, qui est essentielle dans ce domaine. Mais je me suis rendu compte que pour progresser réellement, il fallait d’abord comprendre l’impact de l’homme, de la société et de la prise de décision. Par exemple, on nous a appris le cycle de l’eau sans trace anthropique, alors qu’en réalité, l’homme a une influence énorme sur les flux d’eau sur Terre, du niveau local au niveau global, notamment l’accélération du cycle de l’eau par le réchauffement climatique. C’est ce qui m’a conduit à reprendre des études en économie et en urbanisme.

Grâce à cette formation pluridisciplinaire, je peux aborder les défis contemporains avec une vision globale et holistique, ce qui est essentiel pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui dans nos environnements bâtis et à l’interface avec les environnements naturels. La réalité de ces défis n’est pas simple, car la multiplicité des forces sociétales et environnementales, souvent imprévisibles et en constante évolution, rend difficile l’élaboration de stratégies holistiques bénéfiques, tandis que l’hétérogénéité de ces systèmes et les forces qui interagissent ou se contrecarrent les unes les autres ajoutent une couche supplémentaire de complexité.

Quels sont les travaux de recherche que tu vas mener au sein du LESSEM ?

Au sein du LESSEM, j’apporte ma vision interdisciplinaire de la recherche pour faire face aux défis actuels auxquels sont confrontées les régions de montagne. En France, nos montagnes sont les plus touchées par le changement climatique : les températures augmentent plus rapidement en altitude, ce qui a un impact majeur sur l’enneigement. Une part importante de l’économie française dépend de cet enneigement à travers les sports d’hiver. Certaines communes se sont développées autour du tourisme de ski et ont développé une culture forte autour du ski et des activités hivernales, mais elles sont aujourd’hui confrontées à un manteau neigeux de plus en plus réduit et imprévisible, et se posent des questions sur l’avenir.

Ce qui m’intéresse, c’est non seulement de comprendre ces questions de manière globale, mais aussi de voir comment les personnes concernées perçoivent ces défis, comment leurs perceptions évoluent et comment cela influe sur les transitions dans ces territoires. La force de la culture du ski en France joue un rôle clé pour imaginer les transitions dans les territoires de montagne. Il me paraît également intéressant d’étudier comment le lien entre les usagers et la montagne à travers le ski crée une prise de conscience du changement climatique, et comment ce lien peut créer des contradictions pour eux, ce qui joue également un rôle important dans l’évolution des perceptions des usagers et des résidents de la montagne, en particulier chez populations plus jeunes.

Comment s’intègrent-ils dans les travaux menés par l’équipe ASTRRE ?

L’équipe ASTRRE (Approches Socio-écosystémiques des TeRRitoirEs), dont je fais partie, est un groupe pluridisciplinaire réunissant des experts en économie, aménagement, géographie, écologie et agronomie. Notre objectif, en bref, est d’identifier les interactions durables et équitables entre les systèmes écologiques et socio-économiques, en utilisant une approche territoriale.

Mon propre travail sur les transitions territoriales s’inscrit bien dans cette vision. Avec mes collègues spécialistes des outils économiques et du tourisme hivernal, ainsi qu’avec celles et ceux qui ont une connaissance approfondie des alpages, de l’écologie et de la forêt, nous cherchons à comprendre les stratégies d’adaptation durables et résilientes face aux défis climatiques et économiques, et comment accompagner les acteurs dans ces transitions.

Pourquoi as-tu souhaité rejoindre INRAE ?

Ce que m’a attiré à INRAE était l’engagement en faveur d’une recherche innovante et interdisciplinaire. L’approche interdisciplinaire ainsi que les valeurs et les ambitions, qui visent à trouver des stratégies durables et équitables pour relever les défis sociétaux actuels, correspondent à mes propres objectifs de recherche. De plus, en France je trouve que l’environnement de recherche et les structures des laboratoires sont plus favorables à la collaboration et l’échange d’idées que ce à quoi j’étais habituée aux États-Unis.