Forêt

La forêt

Les travaux de recherche sur les forêts s’articulent autour de quatre axes dont les questions scientifiques sont les suivantes :

Zoom sur... Deux publications

1/ Vivre en marge - la tolérance physiologique au gel et à la sécheresse explique les limites de l'aire de répartition de 35 espèces d'arbres européens.

Baranger, A., Cordonnier, T., Charrier, G., Delzon, S., Larter, M., Martin, N., Kunstler, G. (2024)

Les modèles de distribution corrélatifs des espèces d’arbres sont actuellement les principaux outils à disposition des gestionnaires forestiers pour évaluer l'impact du changement climatique sur les forêts européennes et la répartition des arbres. Cependant, ces modèles restent largement déconnectés des processus écophysiologiques qui contrôlent la distribution des arbres, comme leur tolérance à la sécheresse ou au gel. À l’opposé, certains modèles mécanistes représentent de manière détaillée ces processus écophysiologiques, mais leur développement est complexe et exige de nombreux paramètres. Ils sont donc souvent limités à un nombre restreint d’espèces ou à un nombre réduit de contraintes physiologiques.
Cette publication présente un travail issu d’un projet collaboratif entre le LESSEM et des écophysiologistes de BIOGECO et du PIAF, visant à établir un pont entre les modèles corrélatifs et les modèles écophysiologiques. L’idée centrale est de construire un modèle de distribution basé sur les marges de sécurité physiologiques, qui reflètent la proximité des espèces à leurs seuils de tolérance. En intégrant des traits physiologiques liés à la tolérance au gel et à la sécheresse, cet article développe un modèle testant si la probabilité de présence chute lorsque ces marges atteignent zéro. Cette analyse démontre la pertinence d’une approche combinant des traits de tolérance aux stress physiologiques et des données de distribution pour prédire la répartition des espèces en réponse aux contraintes climatiques à large échelle.

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Pentes du Mont-Ventoux © Frédéric Jean

Lien vers l'article : https://nsojournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/ecog.07528 

2/ La résistance des forêts aux tempêtes dépend de l'interaction entre la composition fonctionnelle et le climat

Barrère, J., Reineking, B., Jaunatre, M., Kunstler, G. (2024). 

Depuis de nombreuses années, il y a un grand intérêt à utiliser la diversité en espèces et la diversité fonctionnelle comme un levier pour favoriser des forêts plus résilientes au changement climatique. La majorité des études se sont initialement focalisées sur l’effet de la diversité sur la production et, plus récemment, sur la réponse à des stress climatiques comme les sécheresses. En revanche, nous avons peu d’éléments sur l’effet de la diversité sur la résilience aux tempêtes, qui sont pourtant des perturbations majeures en Europe. La difficulté est que le processus de résilience des forêts peut être très long, couvrant plusieurs dizaines d’années, souvent au-delà de ce qui peut être analysé dans les études observationnelles ou expérimentales.
Grâce à plusieurs projets européens (FUNPOTENTIAL, RESONATE), nous avons pu développer un modèle prenant en compte les différences entre espèces, à la fois pour leur résistance aux tempêtes et leur capacité de récupération post-tempêtes, à l’échelle des forêts européennes. Cette étude utilise ce modèle pour analyser comment la diversité spécifique, fonctionnelle et la composition fonctionnelle moyenne des espèces influencent la résilience aux tempêtes des forêts à l’échelle du continent européen. Elle confirme un effet positif de la diversité spécifique et fonctionnelle sur la résilience, mais souligne aussi que la composition fonctionnelle moyenne est déterminante et parfois plus importante que la diversité. En effet, les forêts dominées par des espèces à croissance lente et au bois dense sont plus résilientes que celles dominées par des espèces productives.

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© Grégory Loucougaray